THIERS VARENNES!

Cela n'arrive qu'aux autres.

Barbe prophétique, l'oeil luisant, son sourire dévoilant ses dents blanches et son rire sarcastique, Paco Rabanne se penche sur moi. Dans sa main droite la station Mire.

"- Vous ne m'avez pas cru ! Recevez maintenant l'ire divine ! "

Derrière lui un satyre velu entame une danse endiablée. Plus haut les Mayas prépare un sacrifice, mais quel est cet homme ? Toge blanche, calot sur la tête, une canne ornée d'une croix au sigle de la présipauté papale, Benoît XVI ! On le badigeonne de sauce et on s'apprête à le jeter dans la marmite, pas de bûcher pour lui la viande est trop dur, faut la faire cuire longtemps, longtemps... il crie, se tord de douleur, ses habits papaux se désagrègent, dessous d'autres vêtements apparaissent. Des bottes de cuir, un pantalon bouffant, une petite cravache, sur sa manche une croix mais celle-ci n'a plus rien à voir avec la chrétienté. Benoit XVI n'est plus, Joseph Ratzinger est revenu.

Le monde vacille dans la noirceur des hommes. Là haut dans le ciel des chevaux au galop approchent. Ils ont au nombre de six. Je les reconnais, il viennent pour nous juger. Leurs montures toutes cuirassées de fer diffèrent des vitraux que je voyais dans l'Apocalypse selon Saint Jean. Leur chef, bandeau sur la tête, gueule cassée, nez en vrac, oreille en choux fleur inspire la crainte. Dans leurs mains des têtes à la chevelure longue. Ils les jettents, férocement. Des têtes tombent de partout, d'abord en Russie puis les impacts se rapprochent, jusqu'à ce que l'une d'entre elles me tombent sur les genoux. La tête est énorme, je suis couvert de sang frais, l'odeur est forte et prenante, je la retourne lentement. Son oeil me regarde à travers un voile blanc, les naseaux sont proéminents, des dents à la Jacques Brel. Un cheval! Putain une tête de cheval. Je regarde à nouveau les chevaliers de l'Apocalypse, un à un. Enfin je les reconnais, les Spangheros. On me secoue, j’ai les mains liées, je transpire à grande eaux, cette odeur de foin m’envahie. J’ouvre un œil rouge, je sens le crin de cheval me fouetter… Enfin je tombe de l’autel crie pardon à qui veut l’entendre « Pardon Paco Rabanne, pardon Nostradamus, pardon les Mayas. L'Apocalypse est là ! »

L’œil fou je retrouve mes coéquipiers dimanche sur le stade de Thiers. Les maléfiques thiernois nous font tourner en bourrique. On valse d’un stade à l’autre, on joue de ce côté de la route mais il faut se changer de l’autre. L’avenue recouverte de bitume, charriant des monceaux de voitures comme le Styx charrie les morts. Nous voila sain et sauf du bon côté, malheur mais qu’ai-je fais pour mériter tous ces tourments. Une gamelle pleine de vin chaud est là devant moi me tendant ces anses mais je n’ai rien pour me l’offrir et le Cerbère qui en monte la garde n’est pas docile.

Notre prédicateur nous avise que la lutte sera rude mais ce n’est qu’une bataille. C’est à la fin de la foire que l’on compte les bouses. Celle-ci se termine dans quatre matchs. Patience, nous sommes là pour nous aguerrir et travailler. Nous l’avons travaillé, oui c’est sur, nous l’avons travaillé, peaufiné, la gestuelle est rôdée, les petits rats du Ballet de Saint Petersburg ne feront pas mieux. Le repli sous nos poteaux est notre plus beau mouvement.

Début des hostilités sous les yeux de l’arbitre. Les foudres de l’enfer s’abat déjà sur nous. Notre défense est transpercée. Les chevaliers de l’Apocalypse envoient une vague rouge détruire notre défense. Inlassablement ils nous transpercent, nous étrillent. Nous sommes acculés dans nos 22 mètres. Essai rouge puis pénalité, le score gonfle déjà, nouvelle pénalité.

Score : 11-00

Les fantassins rouges piétinent les varennois, qui courent désorganisés comme des poulets auxquels on aurait coupé la tête. Dans leur élan à vouloir faucher la piétaille verte les thiernois oublie plusieurs occasions de scorer, et d’assoir leur supériorité. Thierry et Arnaud tendent des bidons d’eau comme on lancerait des bouées de sauvetage. Des joueurs à quatre pattes tente de s’échapper de cette folie mais avant d’atteindre un endroit isolé et calme sous le banc des entraineurs ceux-ci sont repris par la chaussette et renvoyer dans la mêlée.

La mi-temps arrive sur ce score flatteur de 11-00 pour les maîtres des lieux. Nos hommes ne sont pas totalement morts, ils ont survécus à cette première partie, mais ce n’était que les prémices, le purgatoire. Maintenant nous entrons de plein fouet dans la démence.

Les joueurs varennois réattaquent la seconde mi-temps comme les bœufs qui savent qu’ils vont à l’abattoir. Certains crient et tentent de passer par-dessus la main courante. Mais ils sont refoulés par les spectateurs avides de sang voulant voir la mise à mort de la pâle bête varennoise. Sonner l’hallali, la mise à mort durera 40 minutes. Un homme s’est insurgé devant cette oppression rouge, mais il fut brisé et avalé par cette vague. Nous n’avons pas le temps de le pleurer que déjà ils reviennent tambouriner à notre porte.

Marie écrit sur son bloc comme une possédée cette litanie. Nouvel essai rouge. Nouvel essai rouge. Nouvel essai rouge… Nico est obligé de l’arrêter lorsqu’il se rendit compte qu’elle écrivait, non plus avec son crayon mais avec le sang de ses doigts.

Nous ne pouvons rivaliser, le dernier astéroïde du weekend, bizarrement n’a pas eu de trajectoire descendante, il est parti du sol avenue Léo Lagrange à Thiers pour se perdre dans le firmament rejoindre l’astéroïde 2012 DA 14.

Score final : 57-00

Ce match était fait pour travailler les fondamentaux. Nous avons surtout travaillé le repli sous nos poteaux et les coups de renvoi. Espérons que nous n’en aurons pas besoin les semaines à venir avec les confrontations face à des concurrents directs au maintien.

Prochain match dimanche 24 février à 15h00 avec la réception d'Ennezat

Comments

[Guiony]

Bravo pour ce compte rendu biblique et prophétique. Félicitations à tous en terme de comportement et de compréhension sur notre gestion des infrastructures sportives

L.Guiony Président du Pays de Thiers Rugby